Lundi 27 Mar 2023

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Devenir enseignant international

Karen Taylor, Directrice de l’éducation, Directrice de l’Institut, Ecole Internationale de Genève

Ces dernières années, le nombre d'universités britanniques proposant un certificat d'études supérieures en éducation PGCE (international) en présentiel ou en ligne a explosé. De plus, en 2022, le ministère britannique de l'éducation (DfE) a piloté une nouvelle qualification internationale d'enseignant (iQTS) après une longue période de consultation publique, dont les résultats ont été publiés en 2021. Comme beaucoup de mes collègues au Royaume-Uni et à l'étranger, j'ai trouvé cette approche inquiétante. D'une certaine manière, le fait que le "i" soit en minuscule semble significatif, comme si le titre même suggérait à quel point le contenu du programme n'est justement pas international. En fait, ce programme largement médiatisé souligne l'un des principaux problèmes de l'éducation internationale aujourd'hui, à savoir l'influence prédominante de la langue anglaise dans la direction des écoles, le corps enseignant et les approches pédagogiques. L'ironie de cette affirmation ne m'échappe pas. J'y vois plutôt une raison impérative de remettre en question mes propres présupposés sur l'apprentissage et l'enseignement dans des contextes plurilingues et pluriculturels.

Lorsque je parle d'international, je ne pense pas nécessairement à l'école internationale "traditionnelle", qui offre une certification internationale telle que le BI à des familles expatriées mobiles, ni même aux nombreuses nouvelles écoles “internationalisées” qui émergent à travers le monde et qui s'adressent aux élites locales. Lorsque je parle d'éducation internationale, je pense aux populations d'élèves très diverses que l'on peut trouver dans les écoles publiques et privées partout dans le monde et à notre obligation, en tant qu'éducateurs, de répondre aux besoins de ces élèves d'une manière qui reflète les connaissances actuelles sur les méthodes d'apprentissage et qui soit respectueuse de l'identité de ces élèves. En fin de compte, il s'agit de réfléchir à ce que signifie créer une classe inclusive et à la manière de préparer les éducateurs internationaux à le faire. 

L'Ecolint propose une formation initiale d’enseignant intensif, à plein temps et en milieu scolaire, en collaboration avec l'université de Durham (Royaume-Uni), ainsi qu'un programme de développement professionnel à temps partiel pour les personnes ayant déjà une expérience pédagogique, en collaboration avec l'université d'Oxford Brookes. Dans les deux cas, l'Ecolint apporte à cette certification professionnelle des approches innovantes et avant-gardistes de l'enseignement et de l'apprentissage, fondées sur un engagement ferme et une compréhension profonde de ce que signifie être un praticien réfléchi dans une salle de classe inclusive. Il ne s'agit pas seulement d’équiper les futurs enseignants d’outils leur permettant d’intégrer le contenu et les compétences, de développer la compréhension conceptuelle chez leurs élèves, de gérer une classe ou d’être créatifs dans leur approche de l'évaluation - éléments associés à tout programme de formation d'enseignants de grande qualité. Il s’agit fondamentalement de générer chez les enseignants en devenir ou en début de carrière une compréhension profonde du développement de pratiques pédagogiques concrètes, adaptées et sensibles, sur le plan culturel et linguistique, à la neurodiversité, à l’identité et à la différence. En d'autres termes, au cœur de nos programmes de formation des enseignants se trouve ce qui a été au cœur de l'Ecolint depuis sa création : un engagement en faveur de l'éducation à la paix et à la justice sociale.